La situation socio-économique actuelle peut être schématiquement caractérisée par deux traits majeurs : un système productif qui a renoué avec les gains de productivité, combiné à un marché des biens de consommation depuis longtemps en stagnation, et sans doute encore durablement. Il existe aujourd'hui un décalage entre un espace productif dynamique et la morosité du marché : les technologies de l'information, mais surtout la rationalisation de l'utilisation du capital et du travail ont conduit à une meilleure productivité globale, tandis que l'absence de nouvelles technologies appliquées (comme dans le cas de l'automobile et de l'électroménager) empêche de retrouver une spirale ascendante de la consommation. Formulée autrement, la question se repose ainsi quel modèle de relations salariales peut-on établir en Europe à long terme, et quel modèle de l'efficacité socio-économique et de l'implication salariale peut-on concevoir ? Afin d'aboutir à des recommandations relatives à une transformation du travail, il nous faut comprendre comment s'est transformée l'implication des salariés depuis la fin des années soixante-dix. Ce sera aussi l'occasion de montrer qu'il existe une alternative aux modalités fordiennes d'exercice du travail. On pourra alors proposer les conditions d'un compromis prenant sens au cœur d'incontournables tensions.